Cuba Libre ?
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peinture acrylique sur toile (70x90cm)
Extrait de carnet de bord :
24 décembre 2015
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Alfredo VERANIS" est encore marqué sur mon bras gauche. Marqué par l'injustice, une rencontre éphémère pour m'indiquer les chemins à prendre afin de danser en se soir de réveillon. Marqué ainsi sur mon bras au stylo, pour que je puisse défendre sa cause au commissariat ‘especiale’ de la Havane. Car après avoir diner, je cherchais un bar accompagné de musique locale. Et qui de mieux qu'un local pour m'indiquer le bon chemin ? Arrivée devant l'Hotel Sevilla, où se passait un concert, je demande à cet homme (dont je saurais le nom plus tard) comment accéder à la scène musicale… et au lieu de trouver l'entrée, j'assiste à une autre scène des plus absurdement liberticide. En effet, il était impossible d'entrer dans la cour de cette hôtel, d'imposantes grilles protégeaient l'entrée de cette fiesta privée, réservée aux clients et au personnel, me dit-il. Sans pudeur, il m'exprima sa pensée par rapport au régime d'apparence communiste mais élitiste. Cuba libre est libre d'enfermer les plus rebelles, est libre d'utiliser les beaux arguments du communisme pour remplacer une dictature par son reflet. Le miroir se brise et ces morceaux tranchants revêtent l'uniforme policier. L'un d'eux vient interrompre notre conversation pour exiger l'identité de cet homme. Apparemment, il n'avait pas ses papiers et cela semble un crime de parler à une touriste. Nous sommes tous les deux étonnés de cette interpellation et questionnons le débris assermenté qui reste stoïque. Il lui passe les menottes, pendant que l'homme me dis en espagnol ces mots : “Fais moi une faveur, va au commissariat avant qu'il m’emmène, je m'appelle Alfredo Veranis, explique aux agents que je n'ai fais aucun mal à part te parler, explique la situation, juste la vérité s'il te plait, demain c'est mon anniversaire et je risque de le passer derrière les barreaux, s'il te plait fais moi une faveur, ils n'arrêtent pas de faire peur au peuple…"
L'encre sur mon bras s’effacera, mais pas le souvenir de cet homme conscient de la mascarade qui l'entoure, et de ma tentative vaine d'avoir cru à sa liberté le jour de son anniversaire. L'encre aura beau s'effacer, je n'oublierai pas l'ingratitude de l'officier du commissariat face à la plainte d'une française un peu trop naïve, il me prétexta son arrestation par un délit antérieur. Alfredo n'est pas un menteur, ni un voleur, ni un tueur, se n'est juste pas la première fois qu'il ouvre un peu trop sa gueule d'anarchiste. Alfredo aurait pu être mon ami, il était un rebelle, celui qui ne se reflète pas dans l'Etat. Il devait être déjà surveillé de par sa marginalisation. Remplie d'impuissance, je quitte le commissariat et le voit me faire signe de la fenêtre des barreaux de sa cellule. Il compris tout de suite que j'avais fais ce que j'avais pu, mais je ne pouvais pas faire grande chose.
Alfredo Veranis a marqué mon esprit plus que mon bras. C'est un nom symbolique, celui de tant de prisonniers politiques, opposés au régime, une goutte dans un orage. Joyeux 25e anniversaire, et joyeux Noël… un cadeau empoisonné qui j'espère, Alfredo, te fera garder ton esprit libre, plus que celui de Cuba.
Le spectacle de la société
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peinture acrylique sur toile (70x90cm)
“Et sans doute notre temps… préfère l'image à la chose, la copie à l'original, la représentation à la réalité, l'apparence à l'être… Ce qui est sacré pour lui, ce n'est que l'illusion, mais ce qui est profane, c'est la vérité. Mieux, le sacré grandit à ses yeux à mesure que décroît la vérité et que l'illusion croît, si bien que le comble de l'illusion est aussi pour lui le comble du sacré. ”
- Feuerbach (Préface à la deuxième édition de L'Essence du christianisme)
“Le spectacle, compris dans sa totalité, est à la fois le résultat et le projet du mode de production existant. Il n'est pas un supplément au monde réel, sa décoration surajoutée. Il est le coeur de l'irréalisme de la société réelle. Sous toute ses formes particulières, information ou propagande, publicité ou consommation directe de divertissements, le spectacle constitue le modèle présent de la vie socialement dominante. Il est l'affirmation omniprésente du choix déjà fait dans la production, et sa consommation corollaire. Forme et contenu du spectacle sont identiquement la justification totale des conditions et des fins du système existant. Le spectacle est aussi la présence permanente de cette justification, en tant qu'occupation de la part principale du temps vécu hors de la production moderne. "
- La société du spectacle de Guy Debord
La nature reprendra ses droits et renaîtra du chaos
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triptyque
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On nous décape
arrache
découpe
hache
et rabote l’appendice subversif qui nous orne le crâne, ce terrain fertile.
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On nous a appelé hérétiques
artistes dégénérés
terroristes poétiques
vermines démentes, d'irresponsabilité pénale se nourrissant de vos déchets.
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L'espace lisse dogmatique toujours pointera du doigt l'irrégularité qui perce en son sein.
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On nous a pelé
enfermé
vaporisé
effacé
pour réécrire sur cette page blanche, ce nouvel ornement.
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Le bouillonnement de la Puissance d'exister s'amoindrit
ne sèment plus les graines de ce trognon pourri
ne s'aiment plus dans la rue.
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Les Déracinés deviendront Déracineurs, et la folie déplace son point de vue.
Sans races innées, point de fatalités,
Je vois rarement les germes, mais je plante.
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Pendant qu'on productivise
vole
surconsomme
viol
d'autres sèment
arrosent
doutent
passent entre les gouttes des désherbants, cette Stratégie du choc.
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Et j'espère encore que la nature reprendra ses droits, et renaîtra du chaos.